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Pas à l'abri de la précarité malgré un bon diplôme

Les études sont garantes d'une vie sans soucis financiers: ce qui était vrai avant ne l'est plus forcément de nos jours. De plus en plus de jeunes diplômés occupent des postes à temps partiel et peinent ainsi à boucler la fin du mois.

En 2006, 77% des titulaires d'un bachelor universitaire avaient trouvé un poste à plein temps dans l'année qui a suivi la fin de leurs études. Ce taux ne s'élevait plus qu'à 54% en 2014, selon des chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Cette tendance se confirme aussi auprès des personnes ayant obtenu un bachelor auprès d'une Haute Ecole. En 2002, 20,4% des diplômés travaillaient à temps partiel contre 26,8% en 2014.


«Précarité académique»


Ce sont les personnes ayant opté pour un cursus en sciences humaines et sociales qui sont les plus nombreuses à travailler à temps partiel. 56,3% occupaient un tel poste en 2014. Un an après la fin des études, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel (37,5%) que les hommes (23,2%). La raison principale avancée par les personnes concernées est le désir d'avoir plus de temps pour soi. Juste après arrive le fait de ne pas avoir trouvé d'emploi à plein temps.

Les chiffres de l'Office fédéral de la statistique montrent également que les diplômés universitaires sont aussi toujours plus nombreux à accepter des emplois à durée déterminée. En 2006, ils étaient 25,5% à avoir signé un tel contrat contre 31,5% en 2014.

Cette évolution est également thématisée en Allemagne où l'on parle d'ores et déjà de la «précarité académique». L'an dernier, la ministre allemande de l'Education et de la Recherche Johanna Wanka avait critiqué le fait que la moitié des scientifiques sont tenus d'accepter un contrat de moins d'un an pour leur premier emploi.


Un salaire minimal pour les stages


Lena Frank, secrétaire nationale à la jeunesse d'Unia, est elle aussi inquiète: «Les études ne garantissent plus un compte en banque rempli. On constate le développement d'un prolétariat académique qui a de la peine à joindre les deux bouts.» Malgré une bonne formation, nombreux sont ceux qui vont de stage en stage parce qu'ils ne remplissent «apparemment» pas les conditions nécessaires pour un emploi fixe, critique-t-elle. «Les employeurs veulent quelque chose qui n'existe pas: des diplômés universitaires avec plusieurs années d'expérience professionnelle.» Lena Frank appelle les entreprises et le monde politique à enfin agir. Notamment en inscrivant dans la loi la durée maximale d'un stage. Elle souhaite aussi l'introduction d'un salaire minimal pour les stages.

De son côté, Markus Zürcher, secrétaire général de l'Académie suisse des sciences humaines et sociales, salue le courage des jeunes qui optent pour un emploi à temps partiel: «De nos jours, les diplômés vont devoir travailler plus longtemps. Il est donc normal et logique qu'ils prennent plus de temps pour eux même s'ils doivent prendre en compte des pertes financières.» Il note par ailleurs qu'il n'est pas rare que les personnes engagées à temps partiel profitent du temps libre pour faire des formations continues.

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